Fukushima. Le scénario du pire.

Quel mauvais coup du sort. En japonais, « fukushima » se traduit par « l’ile du bonheur » (ou « l’ile de la bonne fortune »). L’histoire humaine retiendra hélas une toute autre signification.

Face à la catastrophe nucléaire japonaise, peut-on continuer à se voiler la face longtemps? Déconseillé aux âmes sensibles.

En préambule.

Nous sommes honteux. Nous profitons tous de l’énergie électrique tirée du nucléaire. Nous savons tous, depuis qu’on a compris en quoi consiste vraiment la technologie nucléaire, qu’on allait probablement vivre une « ultime catastrophe nucléaire » un jour ou l’autre. Soyons honnêtes, on se le disait tous, c’est ancré dans l’inconscient collectif, mais on fermait les yeux en n’osant finalement pas y croire. On nous disait « on a pensé au pire, mais ça n’arrivera pas, le nucléaire, c’est vraiment sûr ». D’ailleurs on nous le dit encore. On trouve encore des scientifiques, des politiciens, et même des dirigeants de pays occidentaux venir à la télévision dire « le nucléaire, malgré le Japon, ça reste vraiment sûr, on va augmenter la sécurité, mais on va continuer à exploiter le nucléaire », et c’est vrai : on va continuer à exploiter la technologie nucléaire, car trop stratégique. Aucun pays du monde moderne ne peut s’en passer sans alternative crédible solide (à moins de décroître, ce qui n’est pas au programme).

Tchernobyl était pourtant, pour les européens, une sorte de signal d’alarme « sans frais » (avec ses 40 morts officiels, ou ses 600000 morts officieux, selon le rapport qu’on veut bien prendre en compte, et qui ne comptabilise pas les morts à venir dans les 100 prochaines années au moins).

Le véritable impact de Tchernobyl en Europe, c’est probablement des dizaines de millions de gens « plus ou moins contaminés » à un moment, avec un impact « plus ou moins visible » sur leur santé (qui restera à jamais indémontrable), qui vivront « plus ou moins bien » et « plus ou moins longtemps » avec leurs pathologies (cancers de la thyroïde, mais aussi d’autres formes de cancers probablement, et également pathologies cardiaques, diabètes sucré, sinusites dégénérescentes, abcès du cerveau, malformations à la naissance, etc.).

Du coup, officiellement on ne peut pas dire la vérité sur les conséquences probables de la catastrophe japonaise. Alors évoquons officieusement l’improbable. Chacun retournera à ses occupations ensuite, ou pas, n’est-ce pas.

Les faits.

À la date du 23 mars 2011, ce ne sont pas seulement 3 réacteurs de la centrale de Fukushima Dai-ichi qui présentent un risque nucléaire majeur critique (ce qui est déjà impensable, et ingérable), mais bien 7 réacteurs en situation d’urgence nucléaire, avec ceux des centrales de Tokaï et de Onagawa. C’est un scénario rarement envisagé même dans les pires publications apocalyptiques de science-fiction. Sur place, ils sont entrés dans une phase dite « procédure ultime », c’est un peu le « sauve-qui-peut » en matière de gestion de crise nucléaire : faire tout ce qui est imaginable immédiatement pour préserver au maximum les retombées sur les populations et sur l’environnement.

Dans ce type de problématique, ce n’est pas tant l’explosion des enceintes autour des réacteurs qui pose problème, mais c’est en réalité l’instabilité des « piscines à combustibles » qui contiennent plus de 100 tonnes de matériel nucléaire hautement toxique, souvent usagé, stocké « en attente de retraitement ». Certains de ces matériaux sont du MOX (« Mélange d’Oxydes »), un combustible nucléaire parmi les plus toxiques. L’ironie de l’histoire c’est que la centrale de Fukushima venait de démarrer l’exploitation de ce combustible un mois avant la catastrophe.

La prospective.

Fukushima, c’est évidemment plus grave que Three Mile Island, c’est aussi bien plus grave que Tchernobyl. Qui peut croire le contraire? Je peux faire simple. En matière de catastrophe, on ne connait pas pire risque que les potentiels ravages du nucléaire sur notre planète, et on a pas connu pire catastrophe sur terre dans l’histoire humaine récente. Mais la population du monde ne le voit pas encore sous cet angle. C’est voulu bien sûr. Sinon la panique serait de nature à constituer la prochaine catastrophe à gérer. D’ailleurs, il suffit de regarder les choses en face. On ne parle déjà plus du tremblement de terre de magnitude 9. On ne parle même plus du tsunami produisant une vague géante de 10m, déferlant à 300km/h sur une centaine de km de côtes japonaises et noyant tout sur une bande de 5km de large dans les terres. On ne parle que de la catastrophe nucléaire. On a clairement franchi un nouveau « gap ».

Que peut-on dire aux japonais? Savent-ils que dans les mois qui viennent, une zone d’exclusion permanente autour de la centrale de Fukushima, d’un rayon de 20 à 80km va peut-être couper le pays en deux, à jamais? Savent-ils que le Japon est probablement condamné à un destin sombre, par l’irradiation continue qui va durer encore des semaines, des mois, des années… probablement des siècles? Les japonais savent-ils qu’ils vont être considérés « indésirables » dans tous les aéroports du monde, et que tout ce qu’ils produiront ne pourra quasiment plus être exporté, faute de clients craignant de s’approvisionner en produits contaminés? Savent-ils que toutes leurs cultures végétales seront suspectes pour des dizaines et des dizaines d’années? Que leurs poissons seront probablement impropres à la consommation humaine? Savent-ils que même leurs technologies électroniques ne les sauveront probablement pas cette fois? Nul ne peut prédire quel sera l’avenir du peuple japonais, mais on est à peu près certain qu’ils traverseront des moments très dramatiques. Leur gouvernement aura bien du mal à relever le défi de l’après Fukushima, car Fukushima n’est pas Hiroshima, c’est une autre histoire.

Pire. Si par malheur le japon était à nouveau frappé par une réplique sismique suffisamment sérieuse pour endommager davantage les infrastructures des réacteurs, les conséquences pourraient précipiter la population humaine dans un processus d’extinction. Et la terre bouge là bas en permanence, il ne se passe quasiment pas un jour sans qu’une secousse magnitude 5 au moins ne soit enregistrée depuis le 11 mars 2011.

Alors, maintenant, que peut-on dire aux populations humaines partout sur la planète?

Fukushima, ce sont plusieurs réacteurs nucléaires, probablement entrés en fusion, ou en situation d’entrer en fusion. Aucune technologie humaine ne peut interrompre ou atténuer sérieusement ce phénomène physique « incontrôlable », sûrement pas une technologie consistant à refroidir les combustibles avec de l’eau de mer. Concrètement, ça ne va pas exploser. On ne va probablement pas voir un champignon nucléaire. On va assister à la fusion du combustible, à une température de 2000°, qui va se transformer en lave, le corium. Ce matériel en fusion va probablement transpercer la cuve en acier et traverser les fondations en béton avant de se refroidir un peu plus en profondeur. Ensuite, pendant plusieurs centaines d’années, l’endroit sera une « source radioactive », la plus nocive sur terre.

De toute évidence, de cette source radioactive (et je parle bien de source « active ») vont se dégager en permanence des éléments radioactifs, dégagés dans l’air au dessus des réacteurs qui auront fondu, à partir de ce « cimetière nucléaire ».

À noter là une différence avec la catastrophe de Tchernobyl. Là bas, le coeur a explosé pendant qu’il était en activité. D’un coup, tout le combustible s’est dispersé instantanément dans un rayon proche du coeur (et a été ramassé et rassemblé par ceux qu’on appelait les « liquidateurs »). À Fukushima, les coeurs n’ont pas (encore) explosé, ils sont arrêtés techniquement depuis le tremblement de terre, mais les combustibles ne sont plus refroidis, et c’est le processus de fusion, puis de lave active qu’on redoute le plus (car comme évoqué plus haut, aucune technologie humaine ne permet d’en venir à bout à ce jour).

On craint donc que les coeurs de la centrale de Fukushima deviennent (ou ne soient déjà) chacun une source radioactive incontrôlable, « à l’air libre ». Impensable, incroyable, mais vrai.

Objectivement, la radioactivité qui va se répandre immédiatement dans l’environnement au Japon, puis par les vents des hautes altitudes (courant-jet ou « jet stream » d’ouest en est) vont inévitablement contaminer toute la planète.

Depuis le Japon, les courants aériens susceptibles de transporter les rejets hautement toxiques traversent le Pacifique, puis le territoire des États-Unis, puis l’Atlantique pour atteindre l’Europe et la Russie en moins d’une dizaine de jours seulement, et continuellement.

Durant tout ce trajet, les particules radioactives vont se diluer dans les masses d’air, puis retomber progressivement pour contaminer l’immense majorité de l’environnement. Je préfère être clair à ce sujet : quand je parle de dilution, je ne parle pas de diminution du risque radioactif, ou de réduction de l’intensité de la toxicité. Les particules radioactives, bien que diluées dans la masse, ne perdent en aucun cas leur potentiel hautement radioactif, pour des dizaines, voire des centaines d’années.

Les scientifiques le savent mieux que nous, d’infimes particules radioactives suffisent pour contaminer un homme, un animal ou leur nourriture. Personne ne dit rien, car il n’y a rien à dire, on a déjà tout compris. Si l’environnement est contaminé localement, même « en infime quantité avec un risque nul pour les populations » (dixit les autorités), on sait aussi qu’une infime quantité suffirait à nous contaminer.

Pour conclure.

On ne va pas arrêter rapidement le processus nucléaire en cours à la centrale de Fukushima (que ce soit concernant la fusion éventuelle des réacteurs, ou des combustibles stockés en piscine), pendant encore longtemps des éléments radioactifs vont se répandre massivement dans l’environnement, et continuellement des « nuages radioactifs » traverseront des zones habitées par des humains, des animaux et leur nourriture.

On a pas fini d’en parler. Bien que le nucléaire semblait magique sur le papier il y a encore quelques dizaines d’années, plus tôt nous aurons imaginé et développé une technologie alternative, plus tôt nous éviterons encore pire situation que ce que nous sommes en train de subir.

S’il fallait un signe pour comprendre que nous metions l’humanité en danger, cette fois nous l’avons.

L’Europe de demain sera la Chine d’hier

Je me souviens encore de ce cadre chinois, qui travaillait dans une entreprise très en forme, et qui me disait début octobre 2011 à Beijing, sur un ton bien affirmé, « Les chinois méritent de vivre comme les européens, la roue tourne, vous avez assez profité de la crédulité de la Chine ».

Cette phrase ironique mais fondée résume bien la situation dans laquelle nous sommes.

Ces dernières années, il y a quelque chose qui n’a pas échappé aux observateurs de la Chine.

L’Europe est en décroissance, économique et sociale.

Quand la Chine affiche des taux de croissance à deux chiffres, et que le peuple ne s’est jamais trouvé plus libre et plus heureux qu’aujourd’hui.

L’Europe est désindustrialisée, il faudrait des investissements immenses et une énergie folle pour réindustrialiser, et surtout du temps, beaucoup de temps.

La Chine est hyper-industrialisée, dispose d’une capacité d’investissement très forte. Le parc industriel est moderne, à la pointe des technologies, toujours renouvelé. On est toujours effaré de voir le nombre d’entreprises chinoises qui affichent fièrement leurs normes ISO difficilement acquises, comme pour dire au monde « regardez, ne dites pas que nos usines sont minables, regardez nos certifications ISO, pouvez-vous en faire autant chez vous? ».

Le peuple européen est assisté, usé par les déceptions de promesses non tenues, usé par l’écart grandissant entre les utopies d’une classe moyenne en déconfiture, et les rêves toujours plus inaccessibles.

Le peuple chinois est combattif, vif, adaptatif, autonome, polyvalent, mieux formé, mieux éduqué, tenu par une culture, des traditions et un patriotisme unifié, il part de zéro et chaque jour un peu plus voit ses espoirs se transformer en nouvelles réalités.

L’insécurité et la criminalité augmente en Europe, quand elles n’ont jamais été aussi basses en Chine.

C’est vrai, en Chine il y a des caméras de surveillance partout, il y a du flicage, mais qui est-ce que ça gêne à part les criminels ou ceux qui veulent le désordre?

Les infrastructures européennes sont vieillissantes, obsolètes, et leur maintenance est toujours plus difficiles et coûteuse.

Alors qu’en Chine, les infrastructures anciennes sont détruites, et de plus modernes sont reconstruites par dessus, à une vitesse folle. Des infrastructures plus démesurées, plus écologiques, plus respectueuses et répondant mieux aux attentes de la nouvelle Chine.

En Europe, chaque jour de plus en plus de gens s’appauvrissent et se précarisent.

En Chine, chaque minute de plus en plus de gens s’enrichissent et voient leur condition s’améliorer.

Nos écoles, nos universités, le système éducatif européen est en grand péril, la qualité n’est plus du tout au rendez-vous depuis longtemps, les jeunes sont sous-formés, sous-éduqués, sous-instruits, en France beaucoup d’entre eux ne savent pas écrire un français correct à leur âge adulte, et ne connaissent rien du monde.

En Chine, le système éducatif est incroyablement efficace, inutile d’en dire plus.

En Europe, on a pas pris la mesure de la puissance chinoise… et de la rancoeur des chinois vis à vis des pays qui les exploite.

En Chine, on est en train de comprendre ce que signifie être le pays le plus puissant du monde.

En Europe, nous parlons, parlons, parlons et parlons encore d’écologie et de protection de l’environnement.

En Chine, depuis longtemps il n’y a quasiment plus de deux roues à essence, tout est converti au silence des moteurs électriques, et des entreprises modernes fleurissent partout pour transformer votre véhicule à essence en véhicule hybride avec une technologie qui existe déjà, et qui va en s’améliorant. Beaucoup d’entreprises sont déjà éco-friendly, de manière effective.

En Europe, nous parions tout sur le nucléaire, avec l’immense risque que cela représente.

En Chine, on fait déjà depuis longtemps de l’électricité propre avec l’eau, la terre, le vent, la mer, le soleil, et très peu de nucléaire.

En Europe, nous continuons à dire et à croire que « la chine fabrique des copies de mauvaise qualité de ce que nous inventons et créons ».

Alors qu’en Chine, ils sourient car ils savent que leurs usines produisent la qualité qu’on leur demande, alors que pour leur marché national interne, la qualité est bien présente, souvent meilleure que ce qui existe chez nous. D’ailleurs ils savent aussi que depuis longtemps déjà, ils n’en sont plus à « dupliquer » ou « copier », mais ils inventent, ils imaginent, ils conçoivent, bien plus vite et souvent bien mieux désormais que nos ingénieurs européens.

Combien sont surpris de voir en Chine le niveau de qualité des produits qui existent sur le marché, alors qu’ils nous exportent une qualité inférieure.

Les temps changent.

Avant, en Europe on achetait les produits chinois quelques centimes, et on pouvait profiter de faire des marges confortables dans le dos des enfants qui travaillaient 14 heures par jour dans les usines enfoncées dans le pays entre deux rizières.

Désormais, les prix augmentent, et la qualité s’impose à nous, de moins en moins nous ne pourrons payer le prix chinois. Et de plus en plus ça sera difficile pour nous, car aucune autre alternative ne s’offrira rapidement à nous, sans d’incroyables souffrances.

Les usines sont gigantesques et tellement nombreuses, regroupées dans des « parcs industriels sécurisés » à thèmes technologiques, biotechnologiques, métallurgiques, pharmaceutiques, alimentaires, etc…

Si la Chine était ce qu’on dit qu’elle est, croyez-vous qu’on puisse y faire fabriquer intégralement l’Airbus A320 dans l’usine de Tianjin?

En Europe, la démocratie montre ses limites tous les jours, et les peuples, sensés diriger leur destin sont trompés, trahis, humiliés par des élites qu’ils n’ont même pas élu. Et on critique le communisme, on explique que c’est pire.

En Chine, on plaisante de la démocratie, on dit « regardez, venez voir si nous ne sommes pas un peuple libre qui vit en paix et en harmonie, demandez un visa et venez visiter la nouvelle Chine pour juger ». Bien sûr, les chinois reconnaissent qu’il y a 20 ans encore c’était très difficile, et qu’encore aujourd’hui la corruption existe, qu’il y a des dysfonctionnements, mais quand ils comparent leur politique paisible à ce qui se passe en Europe, ils s’en amusent. C’est bien pire chez vous, disent-ils.

La Chine a changé si vite en quelques années, que tout le monde est bluffé.

Je comprends la chance des chinois d’être dans un mouvement de croissance rapide et d’alignement sur le modèle de vie « à l’occidentale », mais ils sont 1,3 milliards et je sais aussi en mon âme et conscience que ce « booming » économique et social ne peut pas continuer longtemps. Quelque chose va forcément les arrêter net dans leur élan, car en pratique, d’ici quelques années à niveau de croissance constant, il faudrait plusieurs fois les capacités terrestres actuelles pour combler l’appétit chinois.

Nul ne sait comment réagiront les chinois devant le fait accompli. Ce peuple d’apparence pacifique, jamais agressif contre quiconque, immensément généreux, qui s’est laissé exploiter, qui prête son argent pour financer la croissance de ses clients, malgré lui, et qui va peut-être bientôt se retrouver face à la plus difficile des réalités.

Mon grand père disait qu’un jour, nous verrons des chinois traverser le Rhin et venir jusqu’à nos portes.

Mais il ne disait jamais pourquoi ou pour y faire quoi.

L’Europe de demain sera la Chine d’hier

Je me souviens encore de ce cadre chinois, qui travaillait dans une entreprise très en forme, et qui me disait début octobre 2011 à Beijing, sur un ton bien affirmé, « Les chinois méritent de vivre comme les européens, la roue tourne, vous avez assez profité de la crédulité de la Chine ».

Cette phrase ironique mais fondée résume bien la situation dans laquelle nous sommes.

Ces dernières années, il y a quelque chose qui n’a pas échappé aux observateurs de la Chine.

L’Europe est en décroissance, économique et sociale.

Quand la Chine affiche des taux de croissance à deux chiffres, et que le peuple ne s’est jamais trouvé plus libre et plus heureux qu’aujourd’hui.

L’Europe est désindustrialisée, il faudrait des investissements immenses et une énergie folle pour réindustrialiser, et surtout du temps, beaucoup de temps.

La Chine est hyper-industrialisée, dispose d’une capacité d’investissement très forte. Le parc industriel est moderne, à la pointe des technologies, toujours renouvelé. On est toujours effaré de voir le nombre d’entreprises chinoises qui affichent fièrement leurs normes ISO difficilement acquises, comme pour dire au monde « regardez, ne dites pas que nos usines sont minables, regardez nos certifications ISO, pouvez-vous en faire autant chez vous? ».

Le peuple européen est assisté, usé par les déceptions de promesses non tenues, usé par l’écart grandissant entre les utopies d’une classe moyenne en déconfiture, et les rêves toujours plus inaccessibles.

Le peuple chinois est combattif, vif, adaptatif, autonome, polyvalent, mieux formé, mieux éduqué, tenu par une culture, des traditions et un patriotisme unifié, il part de zéro et chaque jour un peu plus voit ses espoirs se transformer en nouvelles réalités.

L’insécurité et la criminalité augmente en Europe, quand elles n’ont jamais été aussi basses en Chine.

C’est vrai, en Chine il y a des caméras de surveillance partout, il y a du flicage, mais qui est-ce que ça gêne à part les criminels ou ceux qui veulent le désordre?

Les infrastructures européennes sont vieillissantes, obsolètes, et leur maintenance est toujours plus difficiles et coûteuse.

Alors qu’en Chine, les infrastructures anciennes sont détruites, et de plus modernes sont reconstruites par dessus, à une vitesse folle. Des infrastructures plus démesurées, plus écologiques, plus respectueuses et répondant mieux aux attentes de la nouvelle Chine.

En Europe, chaque jour de plus en plus de gens s’appauvrissent et se précarisent.

En Chine, chaque minute de plus en plus de gens s’enrichissent et voient leur condition s’améliorer.

Nos écoles, nos universités, le système éducatif européen est en grand péril, la qualité n’est plus du tout au rendez-vous depuis longtemps, les jeunes sont sous-formés, sous-éduqués, sous-instruits, en France beaucoup d’entre eux ne savent pas écrire un français correct à leur âge adulte, et ne connaissent rien du monde.

En Chine, le système éducatif est incroyablement efficace, inutile d’en dire plus.

En Europe, on a pas pris la mesure de la puissance chinoise… et de la rancoeur des chinois vis à vis des pays qui les exploite.

En Chine, on est en train de comprendre ce que signifie être le pays le plus puissant du monde.

En Europe, nous parlons, parlons, parlons et parlons encore d’écologie et de protection de l’environnement.

En Chine, depuis longtemps il n’y a quasiment plus de deux roues à essence, tout est converti au silence des moteurs électriques, et des entreprises modernes fleurissent partout pour transformer votre véhicule à essence en véhicule hybride avec une technologie qui existe déjà, et qui va en s’améliorant. Beaucoup d’entreprises sont déjà éco-friendly, de manière effective.

En Europe, nous parions tout sur le nucléaire, avec l’immense risque que cela représente.

En Chine, on fait déjà depuis longtemps de l’électricité propre avec l’eau, la terre, le vent, la mer, le soleil, et très peu de nucléaire.

En Europe, nous continuons à dire et à croire que « la chine fabrique des copies de mauvaise qualité de ce que nous inventons et créons ».

Alors qu’en Chine, ils sourient car ils savent que leurs usines produisent la qualité qu’on leur demande, alors que pour leur marché national interne, la qualité est bien présente, souvent meilleure que ce qui existe chez nous. D’ailleurs ils savent aussi que depuis longtemps déjà, ils n’en sont plus à « dupliquer » ou « copier », mais ils inventent, ils imaginent, ils conçoivent, bien plus vite et souvent bien mieux désormais que nos ingénieurs européens.

Combien sont surpris de voir en Chine le niveau de qualité des produits qui existent sur le marché, alors qu’ils nous exportent une qualité inférieure.

Les temps changent.

Avant, en Europe on achetait les produits chinois quelques centimes, et on pouvait profiter de faire des marges confortables dans le dos des enfants qui travaillaient 14 heures par jour dans les usines enfoncées dans le pays entre deux rizières.

Désormais, les prix augmentent, et la qualité s’impose à nous, de moins en moins nous ne pourrons payer le prix chinois. Et de plus en plus ça sera difficile pour nous, car aucune autre alternative ne s’offrira rapidement à nous, sans d’incroyables souffrances.

Les usines sont gigantesques et tellement nombreuses, regroupées dans des « parcs industriels sécurisés » à thèmes technologiques, biotechnologiques, métallurgiques, pharmaceutiques, alimentaires, etc…

Si la Chine était ce qu’on dit qu’elle est, croyez-vous qu’on puisse y faire fabriquer intégralement l’Airbus A320 dans l’usine de Tianjin?

En Europe, la démocratie montre ses limites tous les jours, et les peuples, sensés diriger leur destin sont trompés, trahis, humiliés par des élites qu’ils n’ont même pas élu. Et on critique le communisme, on explique que c’est pire.

En Chine, on plaisante de la démocratie, on dit « regardez, venez voir si nous ne sommes pas un peuple libre qui vit en paix et en harmonie, demandez un visa et venez visiter la nouvelle Chine pour juger ». Bien sûr, les chinois reconnaissent qu’il y a 20 ans encore c’était très difficile, et qu’encore aujourd’hui la corruption existe, qu’il y a des dysfonctionnements, mais quand ils comparent leur politique paisible à ce qui se passe en Europe, ils s’en amusent. C’est bien pire chez vous, disent-ils.

La Chine a changé si vite en quelques années, que tout le monde est bluffé.

Je comprends la chance des chinois d’être dans un mouvement de croissance rapide et d’alignement sur le modèle de vie « à l’occidentale », mais ils sont 1,3 milliards et je sais aussi en mon âme et conscience que ce « booming » économique et social ne peut pas continuer longtemps. Quelque chose va forcément les arrêter net dans leur élan, car en pratique, d’ici quelques années à niveau de croissance constant, il faudrait plusieurs fois les capacités terrestres actuelles pour combler l’appétit chinois.

Nul ne sait comment réagiront les chinois devant le fait accompli. Ce peuple d’apparence pacifique, jamais agressif contre quiconque, immensément généreux, qui s’est laissé exploiter, qui prête son argent pour financer la croissance de ses clients, malgré lui, et qui va peut-être bientôt se retrouver face à la plus difficile des réalités.

Mon grand père disait qu’un jour, nous verrons des chinois traverser le Rhin et venir jusqu’à nos portes.

Mais il ne disait jamais pourquoi ou pour y faire quoi.

Banques contre États, la guerre économique nous rattrape dans l’économie réelle!

Je ne vais pas revenir sur la modification majeure intervenue en 1973 à propos du financement des investissements publics par les marchés, je ne vais pas non plus expliquer ce qu’est la finance occidentale historiquement depuis sa création, ne pas entrer dans les détails de la globalisation et ce qu’a été la libération du système financier international ni même parler de Bretton Woods. L’internet permet à chacun d’entre nous de se faire une idée assez juste de ce qui s’est joué, dans le dos des peuples, depuis le début de l’ère capitaliste.

Pour mieux comprendre ce qui suit, je recommande d’aller s’informer sur ce qu’est l’accord « Glass Steagall ». Là encore, votre surprise sera grande.

LES BANQUIERS TOUS PUISSANTS

Si on entend partout et depuis toujours que « les banquiers sont des voleurs », c’est qu’il doit y avoir un semblant de vérité quelque part, n’est-ce pas?

Je vais faire très simple volontairement.

Depuis très longtemps, et de façon exponentielle, les banques prêtent de l’argent. L’idée était même de faire en sorte qu’elles aient un rôle « social et économique » majeur : assurer le financement de l’investissement et du développement économique.

Ce rôle, noble, a été souhaité plutôt par « le politique » dans son « univers », mais « le financier » est dans son propre univers et le moins qu’on puisse dire c’est que les intérêts des uns ne sont pas ceux des autres.

Par la force des choses, le financier, prêteur, est toujours celui qui détermine le destin du demandeur, par l’acceptation ou non des financements et des crédits. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on estime que ce sont les banquiers qui dirigent le monde, et par extension qui se superposent aux pouvoirs politiques, eux-mêmes suspendus aux appréciations et desiderata des financiers (qui ne font pas de politique).

Au début, et dans le meilleur des mondes, tout va bien. Mais prêter de l’argent implique nécessairement de créer de l’endettement, donc du risque.

Bien entendu, il n’est pas question pour les créanciers de ne pas être remboursés.

Pour pouvoir faire plier leurs débiteurs en cas de défaillance de remboursement, les banques ont au moins trois armes redoutables.

La première arme, c’est la pression financière et psychologique induite, le débiteur, piégé par la dette, se voit acculé de nouveaux frais complémentaires augmentant son dû, au travers de relances constantes, d’agios et de frais divers. Le fait d’être « tenu » par son banquier en ayant l’impression de ne rien pouvoir faire génère un malaise psychologique plus ou moins important du type « tout puissant contre impuissant ».

La deuxième arme, c’est bien sûr le dispositif législatif confortable qui leur permet de saisir les biens et de mettre quiconque, personne physique ou morale, à terre très rapidement après l’avoir pillé et dépecé le débiteur et ses cautions éventuelles.

La troisième arme, c’est la fermeture pure et simple du robinet à liquidités. Pour un particulier, une entreprise ou une institution, la menace de ne plus pouvoir emprunter signifie bien souvent la fin de son histoire, avec banqueroute et faillite.

En réalité, il y a même une quatrième arme secrète, le fichage informatique automatisé, qui empêche quasiment toute tentative de rebond à l’avenir une fois que vous avez été identifié défaillant.

Si le débiteur est une personne physique, un individu, la ruine et la déchéance silencieuse est au bout du chemin, avec bien souvent un drame humain et un brusque retour à la réalité la plus dure.

Si le débiteur est une personne morale, une entreprise, éventuellement une administration, une autre banque, une collectivité publique ou même un État, la banqueroute est inéluctable (même si elle peut être artificiellement retardée un certain temps, ou atténuée) avec, en cascade, une multitude de situations dramatiques incalculables tant tout est lié dans le système actuel.

Les banquiers sont souvent perçus comme des gens très durs et sans cœur, ils ont des fonctionnements particuliers, se sentent intouchables et adoptent des attitudes et des comportements curieux, leur univers, assez hermétique, est très spécial.

D’une manière générale, les banquiers parviennent toujours à « avoir le dessus » sur leurs « clients débiteurs », rarement l’inverse. Ceci vient du fait qu’ils sont ceux qui tiennent les reines de la finance.

Au plus haut niveau de l’échelle, ils étaient convaincus, jusqu’à récemment encore, qu’à chaque crise économique, chaque fois que nécessaire, les États viendraient à leur secours quoi qu’il arrive.

DES OFFICINES DE L’OMBRE CONTRE LES INTÉRÊTS DES PEUPLES?

Si la spirale de l’endettement et l’assèchement des crédits forment un premier problème, il existe un autre sujet de grande inquiétude : la spéculation sur les marchés financiers.

Désormais, dans les mêmes institutions financières, devenues des organismes très complexes, vous y trouvez la banque de détail, la banque commerciale, la banque privée, la banque d’investissement et l’assurance.

Tout y est amalgamé au mépris du bon sens, si bien que l’argent difficilement gagné, déposé dans sa banque par un individu « en toute sécurité », est en réalité « joué » par des « traders » dans les places de marchés des officines bancaires qui ont pignon sur rue, pour parfois être perdu, sans que personne ne puisse rien y faire, et en totale contradiction (morale et technique) avec le fameux accord Glass Steagall qui prévoit la séparation de la banque commerciale et de la banque d’investissement.

Les gens qui travaillent dans le milieu bancaire subissent progressivement un « formatage » des esprits, mais il convient de nuancer en fonction de la position et du job dans l’organisation.

Entre votre conseiller bancaire, qui gère vos comptes, et les traders, les investisseurs dans les salles de marchés, les spéculateurs, et ceux qui créent les « produits dérivés », les « sous-jacents » et autres pépites financières comme les « warrants » ou les « turbos », il y a un gouffre!

Soyez sûr d’une chose, votre conseiller financier est inoffensif et ne sait quasiment rien de ce qui est réellement fait avec votre argent, son superviseur et son directeur d’agence presque autant, par contre, plus haut dans la hiérarchie, dans le cœur et la tête du système bancaire, il y a des individus très dangereux, qui sont des spéculateurs, et leurs dirigeants.

Pour la plupart, ils n’ont plus aucune morale ni aucune humanité, aucune conscience profonde des réalités, ni sociales, ni économiques, ne sont ni intéressés par la politique qu’ils regardent de haut, ni par le devenir des peuples globalement, ils manipulent des sommes d’argent absolument énormes, sont eux-mêmes payés des fortunes pour leurs « performances ». Ces gens sont centrés sur eux-mêmes, et ne s’intéressent qu’à leurs avantages. Le tout, à court terme.

Le principal reproche qu’on peut leur faire est qu’ils jouent avec l’argent des gens et des entreprises, qu’ils jouent à faire descendre et monter les cours des matières premières, qu’ils instaurent un « climat d’instabilité » et de « volatilité » si bien qu’il n’est plus possible d’avoir une vision sereine et de long terme.

Ces gens là ne sont pas très nombreux, ils ne représentent qu’un petit pourcentage du milieu bancaire, on ne sait pas très bien combien, ni qui ils sont, ni où ils sont, mais ils sont là, et ils tiennent entre les mains un pouvoir absolument considérable, aujourd’hui largement au delà de n’importe quelle puissance politique.

Le pouvoir de mettre au tapis toute l’organisation de la civilisation humaine moderne, dans un vaste chaos désorganisé, car ils ne maîtrisent absolument rien de ce qu’ils font!

QUELLE EST LA NATURE VÉRITABLE DE LA CRISE ÉCONOMIQUE GLOBALE?

C’est assez simple.

Nous (toutes les « entités » de notre système occidental, depuis l’individu jusqu’à l’État en passant par les milliers de structures intermédiaires) vivons à crédit, au dessus de nos moyens, nous avons emprunté des milliards de milliards depuis des dizaines d’années pour maintenir notre leadership de modèle civilisationnel.

Le souci est que nous avons emprunté à des organismes financiers privés, surtout depuis 40 ans. Avec intérêts.

Ces organismes, il faut les rembourser. Avec les intérêts cumulés.

Et comme nous ne parvenons jamais à rembourser ce que nous devons, puisque nous nous développons constamment et très vite, avons toujours de nouveaux besoins qu’il faut toujours financer à crédit, il faut toujours emprunter davantage chaque année, pour arriver au point de devoir emprunter de l’argent afin de rembourser les intérêts de nos précédents emprunts.

Et même en pratiquant ainsi, ça n’est jamais suffisant.

Situation totalement absurde, mais pourtant vérifiée dans tout le système occidental, les USA et l’Europe en première ligne, au grand damne des économistes silencieux (et tellement courageux!) qui crient au feu.

Hélas, pour d’innombrables raisons qui nous échappent ou pas, notre magnifique modèle sociétal ne produit jamais assez de richesses pour faire face à ses obligations financières et à ses échéances.

Du coup, les organismes financiers maintiennent une pression forte sur leurs débiteurs, en usant de leurs armes favorites.

Les débiteurs négocient des prorogations de délai de remboursement, ce qui n’annule pas leur dette, mais au contraire l’augmente dans la durée (effet d’atténuation temporaire par « lissage »).

L’engorgement, l’étranglement est inévitable à un moment.

Avant la crise, en cas de défaillance, les créanciers s’attaquaient comme ils pouvaient aux « plus petits » et cela n’était pas très visible, du coup, de manière latente, le système financier dégénérait tranquillement vers « le seuil de non retournement ».

Au début de la première séquence de la crise entre 2007 et 2009, la dégradation du système financier est soudainement visible du fait d’une défaillance majeure de plusieurs énormes sociétés (Lehman Brothers, AIG, etc.) faisant risquer un premier effondrement systémique, et les États ont été contraints de renflouer les banques par l’abondement massif d’argent public (impensable, pourtant c’est bien ce qui se passe depuis le fameux plan « Paulson »).

Mais à un moment, c’est l’État lui même qui ne peut plus faire face, ses ressources ne permettant plus de payer ses dettes aux échéances prévues, ni de pouvoir renflouer les malheureux banquiers.

Du coup, il y a un sérieux problème, puisque les banques ne financeront plus rien, tant qu’elles n’auront pas la garantie d’être protégées à tout prix, et il n’y a aucune solution de remplacement pour les États, sauf à renoncer au capitalisme, au libéralisme, et à la globalisation.

Nous sommes arrivés à ce moment précis, où les banques ne reculeront pas, et où, tout en haut de l’échelle, les États ne pourront plus payer.

Ce n’est pas un combat politique. Les politiques sont dépassés et finissent par n’avoir plus aucune influence sur les marchés financiers.

Ce n’est pas une guerre criminelle et meurtrière. Les banques n’ont pas d’armées, ni de matériel militaire, et il n’y a pas de combats ni victimes directes. Les États ne vont pas se défendre en attaquant militairement les institutions bancaires.

C’est une « guerre dématérialisée », une véritable guerre économique contre laquelle on n’a pas de moyen de défense évident, sauf à renoncer à tout ce qui a été mis en place.

Une guerre « qui se fait virtuellement entre protagonistes de nature différente », mais dont les victimes sont pourtant bien dans le monde réel, et qui va produire beaucoup de drames individuels mais aussi collectifs, visibles.

Une guerre qui se déroule d’abord sur les marchés financiers, dans les bourses du monde entier, où les cours des valeurs et les « notes de solvabilité » des institutions sont « attaqués » à la moindre rumeur, à toute vitesse, de n’importe où et par n’importe qui.

Cette situation est assez inédite, puisque selon moi, contrairement à ce qui est indiqué par les gouvernements, ce n’est pas la pire crise que nous connaissons depuis 1930, mais plutôt la pire crise depuis le XVème siècle.

Autrement dit, absolument personne ne peut anticiper ce qui va se produire, on peut juste pressentir que cela sera terrible en terme de chaos socio-économique pendant plusieurs années.

QUI SONT LES ENNEMIS DES ÉTATS?

D’abord, je rappelle que les États, c’est nous. Le peuple.

Oui, c’est bien toujours le peuple qui dirige chez nous, et pour simplifier les processus démocratiques, nous votons pour des hommes et des femmes politiques sensés nous représenter et prendre les décisions que nous voulons, à notre place.

Si on attaque l’État, on attaque le peuple.

Je rappelle également que l’argent des États, c’est le nôtre, au travers des taxes et des impôts. Nos politiciens, qui dirigent nos États pour notre compte, gèrent notre argent.

Et pour finir, bien entendu l’argent qui sert à rembourser les dettes que nous avons contractées auprès des banques internationales, c’est encore notre argent.

Ces dettes sont donc les nôtres, mais est-ce vraiment ce que nous voulions? Pas sûr.

Nos créanciers sont des banques, mais pas l’agence bancaire au coin de votre rue. Non, je parle des sièges financiers, des grandes banques internationales, des institutions majeures, des banques tout en haut d’un système pyramidal, situées dans les capitales financières mondiales, notamment à New York, à Londres, au Luxembourg, et ailleurs…

Dans ces banques, nos ennemis sont les spéculateurs, des individus complètement en dehors des réalités, ils jouent avec l’argent des peuples en misant à la hausse mais aussi à la baisse sur la valeur des entreprises qui font travailler les gens, au risque de fragiliser davantage. Il n’y a aucune humanité ni aucune morale, la seule règle c’est « faire du pognon ». Ces gens sont tellement dans un autre monde, coupés des réalités sociales et économiques, qu’ils ne mesurent plus du tout l’impact de leurs décisions dans le temps.

Et comme si ça ne suffisait pas, tous ces spéculateurs utilisent trois techniques légales sans aucune gêne : la « vente à découvert », l’effet « levier » et les « ordres robotisés ».

La « vente à découvert » permet de miser à la baisse sur une valeur, si on considère que telle ou telle valeur d’actif ou telle action « a une chance » de baisser, alors on se renforce dessus à la baisse, on spécule sur le fait qu’elle va baisser, concrètement si une entreprise, une banque ou un État est fragile, même sur la base d’une rumeur, on peut gagner de l’argent, beaucoup d’argent en fragilisant d’avantage, en toute légalité, simplement en vendant d’abord au cours du marché (on vend ce qu’on ne possède pas), puis en rachetant sa position plus tard, quand le cours sera encore plus bas, au passage on prend sa marge car on aura acheté plus tard moins cher ce qu’on aura vendu plus tôt plus cher, invraisemblable dans le monde réel, mais légal et courant sur les marchés financiers.

Le « levier » permet de miser des centaines de fois plus d’argent qu’on dispose vraiment, en prenant des risques considérables (l’affaire Kerviel est un bon exemple, mais ne croyez pas que cela leur a servi de leçon). Ce phénomène est très parlant avec un exemple concret. Si une valeur est à 10 euros à l’instant T, et que vous disposez d’une liquidité de 10 euros pour investir, vous utilisez un levier 400 (les leviers forts sont réservés aux meilleurs traders), vous achetez donc légalement 400 actions à 10 euros, donc pour 4000 euros (vous dépensez donc 3990 euros que vous ne possédez pas, allez savoir par quel miracle, mais tout est prévu), et si l’action passe à 10,1 euros l’instant T+1, vous revendez vos 400 actions à 10,1 euros, et vous empochez 4040 euros, soit 40 euros de marge, alors que vous n’aviez que 10 euros, vous voilà avec 50 euros de liquidités et vous avez remboursé les 3990 euros « empruntés ». Vous répétez cela autant de fois que vous le pouvez, vous ne gagnez bien sûr pas à tous les coups, mais « en moyennant », parfois on s’en sort bien. Le drame arrive bien sûr lorsque les cours baissent, que vous êtes très exposé par un gros levier, et là vous perdez des sommes que vous ne pouvez pas rembourser (Kerviel, cas d’école).

Les « ordres robotisés » en rafales automatiques, ce sont des programmes informatiques, des algorithmes, créés par les spéculateurs ingénieux et privilégiés, qui vont envoyer des millions d’ordres d’achats et de vente espacés de quelques millisecondes, pour profiter d’écarts de cours minimes sur les valeurs (parfois avec une différence à 3 ou 4 chiffres après la virgule). Quand vous envoyez des millions d’ordres sur des millions d’euros qui ne génèrent des marges que de quelques centaines d’euros à chaque fois, à la fin de la journée, vous avez généré un bénéfice absolument énorme, et tout ceci est hors de contrôle. On estime que sur le NYSE à New York, des milliards d’opérations robotisées sont réalisées chaque jour, représentant la majorité des opérations en réalité.

Franchement, à quoi cela rime-t-il de miser en bourse par des allers-retours sur les actions qui se font parfois en « intraday » sur la même journée (activité de trader qui consiste à acheter et vendre une action plusieurs fois dans la même journée pour saisir les opportunités qui se présentent dans la même journée)? C’est bien loin de ce qu’on attendait des bourses, historiquement.

QUELLES SONT LES MESURES D’URGENCE À ENVISAGER POUR SE DÉFENDRE?

Puisque nous sommes déjà en guerre, aujourd’hui il n’est plus vraiment question de négocier, et puis d’ailleurs qui devrait négocier avec qui dans ce vaste système complexe désorganisé?

Les peuples (s’ils étaient forts et courageux), par l’utopique voie républicaine et politique, pourraient donc déclarer officiellement (par la voix de leurs représentants) la guerre à la spéculation financière, et la combattre.

Pour bien faire les choses, il faudrait pouvoir éliminer purement et simplement toute entité en capacité d’investir sur les marchés pour spéculer. En clair, il faudrait interdire la spéculation (à unique but lucratif), pour n’autoriser que l’investissement (profitant à l’intérêt général).

Les marchés financiers ne devraient définitivement plus être comparés à des casinos géants totalement légaux. Le mot « miser » (ou l’expression « jouer en bourse ») devrait être banni pour être remplacé par « investir ».

Dans toutes les banques du monde, il faudrait supprimer les officines plus ou moins discrètes (et secrètes) qui construisent des « produits financiers opaques et complexes » commercialisés à des gens qui n’y comprennent rien, il faut supprimer les « produits dérivés ».

Bien entendu, il faudrait également interdire la spéculation sur les matières premières, et d’une manière générale interdire toute spéculation sur ce qui va à l’encontre de l’intérêt général (alimentation, produits de nécessité, santé, eau, pétrole, électricité, métaux, etc.).

Il faudrait par ailleurs interdire la vente à découvert, l’effet de levier et bannir les ordres robotisés automatiques.

En gros, pour bien faire il faudrait revenir en arrière de plusieurs dizaines d’années, en urgence.

La sérénité, l’apaisement et la stabilité devrait être l’objectif, plutôt que l’affolement et la fluctuation « en temps réel ». Tout va trop vite, le rythme des choses devrait se « désaccélérer » (décroissance, puis déglobalisation). Le système ne doit pas avoir le dessus sur nous, mais au contraire, nous devrions garder toujours le dessus sur le système, et les technologies devraient être repensées pour nous y aider, plutôt que de nous contraindre.

Bien entendu, il est impératif que le politique reprenne le contrôle sur le financier, même s’il fallait nationaliser la plupart des institutions financières.

La solution ultime consistera bien entendu à ne plus autoriser le moindre paradis financier, et donc fiscal, partout sur la planète.

La sauvegarde de notre monde moderne vaut bien quelques dizaines de milliers d’emplois perdus dans la haute finance?

Hélas pour eux, je crains que les banquiers aient bientôt à devoir raser les murs, et se faire plus discrets.

L’étrange « hélicoptère » crashé pendant l’opération « Geronimo » (« Kill Ben Laden »)

Alors que tous les journalistes de la terre entière relaient la version officielle sur la mort de Ben Laden, comme ils le font avec la version officielle du 11 Septembre, personne ne s’intéresse à ce qui passe comme l’anecdote de l’opération: l’un des hélicoptères d’assaut se serait crashé dans le jardin de la villa de Ben Laden.

Des photos en haute définition ont été « vendues » à Reuters par des pakistanais témoins sur place, l’agence les a diffusé au grand public.

Des spécialistes en matériels militaires et des observateurs indépendants s’interrogent sur la nature de l’appareil non identifié, bien que ressemblant à un hélicoptère.

En effet, il apparaît que les « gros morceaux » de ce qui reste de l’appareil, notamment la queue de l’appareil, ne semblent appartenir à aucun hélicoptère connu à ce jour.

De toute évidence, la technologie utilisée par ce qui semble être le rotor arrière ne correspond à rien de ce qui existe sur les appareils même les plus modernes, que ce soit aux USA ou ailleurs.

Mieux encore, aucun rivet n’est apparent, tout est lisse, les matériaux utilisés n’ont pas les caractéristiques des métaux constituant de tels appareils volants, mais font penser aux technologies « stealth » (appareil furtif, le rendant indétectable).

Pourtant, le dernier programme d’hélicoptère furtif aux USA (le RAH-66 « Comanche ») a été abandonné en… 2004 et de toute manière, la partie arrière ne ressemblait absolument pas à ce qui a été vu au Pakistan chez Ben Laden.

Du coup, les experts s’interrogent, c’est évident qu’un appareil militaire non identifié a été utilisé pour l’opération clandestine au Pakistan. Le matériel a été partiellement détruit par les militaires avant leur départ, assez maladroitement pour laisser sur place de gros débris (derrière le fameux mur de « 4 mètres » qui encerclait la villa).

De quoi s’agissait-il, et quelles technologies étaient mises en œuvre?

On sait que les USA développent des équipements militaires au travers de programmes secrets, ont-il mis au point un gros « hélicoptère » éligible au « transport de troupes » totalement furtif leur permettant d’opérer des actions clandestines de nuit partout sur la planète?

Si c’est le cas, c’est une énorme affaire, car le pays qui dispose de moyens furtifs pour projeter hommes et équipements sur le terrain des adversaires, de faire ses petites affaires et de revenir à la base ni vu ni connu, c’est quand même l’avantage ultime et incontestablement rêvé de toute armée qui se respecte.

« Protectionnisme raisonné », « frontières commerciales intelligentes », « taxes équilibrantes à l’importation », de grandes idées modernes?…

J’ai tendance à dire qu’il faudrait pouvoir enseigner Maurice Allais aux futurs économistes, au moins pour qu’ils aient plusieurs scénarios mondialistes possibles et ensuite pour qu’ils apprennent à réfléchir par eux mêmes et développer leur instinct critique.

C’est affligeant de réaliser que la France disposait d’un Nobel Économique, et qu’il n’est jamais cité en référence par les conseillers économiques des institutions politiques, d’ailleurs questionnez n’importe quel « économiste médiatique », il sera bien incapable de vous décrire le travail d’Allais dans sa substance.

« Protectionnisme raisonné », « frontières commerciales intelligentes », ou encore « taxes équilibrantes à l’importation », des grandes idées modernes mais politiquement incorrectes. Tant mieux!

LA SITUATION OBJECTIVE.

On ne peut plus continuer à délocaliser la production industrielle des pays riches auprès des pays exportateurs à faible coût de main d’œuvre et à protection sociale quasiment nulle. C’est devenu indécent.

C’est une vision politique de court terme qui a pu fonctionner pendant quelques dizaines d’années, et qui a été mise en œuvre successivement par des politiciens pas du tout visionnaires.

Outre le fait que ce soit criminel, et exceptionnellement hypocrite car on sait bien que la marge bénéficiaire reviendra aux capitalistes purs et durs (les « financiers » du système in fine) et que les travailleurs pauvres seront toujours exploités dès leur plus jeune âge, ne leur laissant aucune chance de s’émanciper.

C’est aussi se tirer une balle dans le pied à long terme, car nous, pays occidentaux, principaux bénéficiaires de production offshore, allons perdre progressivement de quoi financer notre haut niveau de protection sociale, après notre capacité à innover et à produire les choses que nous consommons.

C’est à peu près déjà la situation dans laquelle nous nous trouvons désormais.

En étudiant de près les travaux de l’unique Prix Nobel d’Économie français, Maurice Allais, on découvre à la fois ce qui explique la situation paradoxale dans laquelle le monde se trouve, mais aussi les solutions innovantes, originales et pratiques à mettre en œuvre pour se sortir de la tourmente.

Au risque de choquer encore, je crois que les grandes idées de demain, c’est le « protectionnisme raisonné » et les « frontières commerciales intelligentes ».

LE DÉSÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE POUR LES NULS.

Pour faire simple, par un exemple que tout un chacun pourra comprendre, prenons le cas d’un distributeur français de t-shirts.

En France, il n’y a plus aucun fabricant de t-shirts, ils ont tous disparus, ils créaient pourtant des milliers d’emplois dans le textile il n’y a pas si longtemps et l’industrie textile française a toujours été fleurissante.

Notre distributeur, il y a 10 ou 20 ans, pouvait faire fabriquer en France ses t-shirts pour 5 à 10 euros (30 à 65 francs à l’époque). Le distributeur n’était pas vraiment sollicité à l’époque par les pays exportateurs à faible coûts de main d’œuvre, et le choix de sous-traitants étrangers était plus ou moins limité, on était pas encore dans la « mondialisation » telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Le fabricant français, fournisseur du distributeur dans notre exemple, avait un prix de revient de 2 à 5 euros, et pouvait espérer une belle marge commerciale à deux chiffres lui permettant de faire prospérer son industrie textile en France, d’embaucher, de former, d’innover par l’investissement.

Dernièrement, avec l’internet qui diffuse une large offre internationale, qui accélère les « collaborations globales » entre offres et demandes et la logistique internationale (« global forwarding logistic services ») qui permet de transporter n’importe quelle marchandise d’un point à un autre du monde sans réelles contraintes et à coût maîtrisé, notre distributeur est sollicité par des fournisseurs de pays exportateurs à faible coût de main d’œuvre.

Les fournisseurs asiatiques vont proposer désormais à notre distributeur un t-shirt de qualité équivalent ou supérieure à ce qui se produisait en France (oui, je sais que c’est choquant de lire ça, mais sans qu’on ait eu le temps de s’en rendre compte, les chinois ont par exemple considérablement augmenté leur niveau de qualité, au point qu’on ne puisse plus vraiment affirmer que « produit chinois » signifie nécessairement « basse qualité », et il n’y a pas que les chinois en Asie par ailleurs) à un prix qui sera peut-être 2 ou 3 fois inférieur, malgré le coût du transport.

Notre distributeur, charmé par les offres de services qui se sont multipliées et la facilité de traiter avec les fournisseurs exportateurs à bas coûts a inévitablement abandonné son producteur local pour s’approvisionner là où il pouvait espérer de meilleures marges.

Du même coup, il a aussi baissé son chiffre d’affaire avec le temps, en proposant à des tarifs finaux moins élevés des produits qu’il a importé moins cher, baissant également sa marge, non pas en pourcentage, car elle a explosé « magiquement », mais en valeur nominale, et c’est là un des autres points cruciaux qui a échappé à tous les baratineurs défenseurs de cette mondialisation là.

En effet, en achetant un produit 8 euros fabriqué en France, qu’on vendait 15 euros, on réalisait 7 euros de marge nominale, soit 45% de marge environ sur le prix de vente, prix de vente qui était d’ailleurs acceptable pour le marché local, l’ensemble du système étant « maintenu ou orienté vers le haut » (c’est à dire qu’on ne cherchait pas le prix bas à tout prix, mais l’équilibre entre offre et demande locale).

Mais en achetant ce même produit en Asie, à 2 euros, on va avoir tendance à le vendre 7 euros, on va afficher une superbe marge de près de 70%, mais uniquement 5 euros de marge nominale. Dans le même mouvement, on va avoir tendance à « orienter le système vers le bas » (c’est à dire chercher à vendre encore moins cher, convaincu que c’est la panacé, produire donc moins de résultats in fine, ne pouvant plus ensuite assurer les niveaux de revenus d’avant).

Pour ce même article, le chiffre d’affaire va baisser de plus de 50%, il faudra vendre deux fois plus de produits pour être sûr de gagner plus d’argent que dans le scénario initial.

Vous connaissez beaucoup de commerçants qui vendent deux fois plus d’articles, qui consolident leur chiffre d’affaires et qui voient leur marge bénéficiaire nominale augmenter avec la mondialisation ? Pas moi. Par contre j’entends surtout des commerçants qui se plaignent.

L’idée qui consiste à dire qu’il faut pouvoir contrôler ce qu’on importe pour réguler les prix est objectivement intéressante. Je regrette qu’elle soit rejetée à Gauche et à Droite, mais ça ne m’étonne pas. Les solutions de demain ne viendront pas des mouvements politiques au pouvoir, obsolètes et indirectement corrompus.

LA SOLUTION MIRACULEUSE (QUI NE RELÈVE PAS DU MIRACLE MAIS DU COURAGE POLITIQUE).

Je dis que si un produit peut être fabriqué sur le marché local (en France pour ce qui nous concerne, ou en Europe si on veut l’envisager sur le plan européen en second temps), il faut pouvoir privilégier la fabrication locale, c’est le « protectionnisme raisonné ».

On n’empêchera pas un distributeur d’importer un produit identique ou similaire à 2 euros, lorsque ce dernier peut être fabriqué localement à 8 euros.

Par contre, on doit pouvoir demander à ce distributeur de contribuer à un « fond d’équilibre commercial » entre le marché local et international, par une taxe à l’importation.

Que ce fournisseur paye sa marchandise 2 euros à son partenaire asiatique, mais alors qu’on le taxe également de 6 euros supplémentaire pour que son prix de revient ne fasse jamais concurrence à ce qui peut se produire localement.

Cette taxe reviendra à l’industrie « pénalisée » par les importations de produits des pays à bas coûts (pour financer notamment les investissements locaux dans l’industrie respective, ou le maintient du haut niveau de protection sociale par un système à définir), et/ou viendra en crédit des pays exportateurs à bas coûts, les contraignants à consommer des marchandises produites dans notre pays, à nos coûts et à leur destination.

Bien entendu, ce modèle tel que je l’ai expliqué est volontairement simpliqué et vulgarisé, mais j’en décris le grand mécanisme d’équilibre.

Chaque industrie, chaque secteur d’activité devra disposer d’un organisme de contrôle et de régulation des prix, le plus neutralisé possible, le législateur estimera quels seront les produits et les secteurs industriels concernés par cette régulation équilibrante, en concertation avec les corporations.

Ce qui se produit avec le t-shirt en exemple, se reproduit également à l’infini dans tous les secteurs d’activité, hélas sans qu’on parvienne à contrôler quoi que ce soit, c’est la « mondialisation », la « globalisation » destructrice.

Le seul mouvement politique qui envisage de mettre en œuvre de telles politiques volontairement nouvelles et inspirées, c’est le Front National derrière Marine Le Pen.

J’appelle l’Europe à rapidement mettre Maurice Allay au programme de ses économistes les plus influents et à pimenter la vie économique européenne par un peu de protectionnisme raisonné.

Que la France donne rapidement le rythme d’une politique économique volontaire et innovante, pour le bien des peuples.

Le “plan Paulson”, plus grand hold-up du siècle?

Le 19 septembre 2008 est un jour historique, on ne le dira jamais assez.

Toutes les bourses du monde affichent d’indécentes hausses, incohérentes et surréalistes en tenant compte de la situation économique mondiale. Interrogez les traders et ils vous répondront qu’ils sont outrés et bleuffés par un événement surprenant qui les dépasse totalement. Personne n’a jamais vu ça auparavant.

Le “plan Paulson” imaginé par le Secrétaire américain au Trésor Henry Paulson est passé par là. Ma conviction est qu’on assiste plutôt impuissants au plus grand hold-up du siècle, applaudit évidemment par tous les médias internationaux (surtout occidentaux) tous dupés. J’ai de la tristesse pour nos amis contribuables américains, je ne suis pas convaincu qu’ils savent ce qui les attend au tournant.

Partout on vous explique que le “plan Paulson” a probablement sauvé la finance américaine et donc mondiale, alors qu’en réalité, il fait peser une nouvelle charge de plus de 1,000,000,000,000.00 de dollars (1000 milliards, et probablement bien au delà) sur les contribuables américains, en “isolant” les “fonds toxiques” des établissements financiers, en les faisant supporter par les fonds publics, qui vont les assumer dans une “structure” créée à cet effet. Selon les experts, le coût de cette opération pourrait atteindre 3500$ par américain, ou les dépasser.

Mais ce plan interdit également ce qu’on appelle la “VAD”, la vente à découvert, ce mystérieux mécanisme (spéculatif puisqu’on parle de bourse) bien connu des traders qui permettait de vendre ce qu’on ne possède pas, avant de l’acheter un peu plus tard, à bon compte. Qu’est-ce que permettait la VAD? Tout simplement de gagner de l’argent lorsque le marché était baissier, mais aussi de “réguler à la baisse”, de contenir les dégringolades de cours et d’empêcher leur brutalité, car il y avait toujours des acheteurs, même à la baisse. Ainsi, on bourse, on gagnait toujours, que ça monte, ou que ça descende. Malheureusement, le revers de la médaille c’est que dans un marché profondément baissier où tout le monde venait à parier sur les baisses, faire en sorte qu’il reparte à la hausse relevait de l’utopie, et c’est bien dans cette situation là que nous étions.

Désormais, les gendarmes boursiers aux USA (SEC), en Angleterre (FSA) et en France (AMF) ont décidé, en 48h d’interdire la VAD… “temporairement” disent-ils.

Du coup, les hausses historiques enregistrées, à mon avis, sont essentiellement dues aux rachats de titres liés à ces nouvelles règles du jeu, et pas du tout à la confiance retrouvée dans les marchés. J’imagine au contraire que suite à ces opérations, la confiance sera encore plus limitée désormais. La bourse, c’est une grande part de psychologie, et tout le monde est effrayé, tétanisé même!

On peut discuter beaucoup de l’opportunité ou non de la vente à découvert et de la spéculation financière dans les deux sens, et on peut entendre ici ou là dire que c’est une bonne décision et finalement du bon sens de supprimer la possibilité de gagner de l’argent dans un mouvement baissier, et qu’en bourse, il est moral de ne gagner de l’argent que dans un mouvement haussier.

N’oublions pas les fondamentaux de la crise. Le plan imposé au monde par les autorités américaines n’élimine absolument pas le problème de fond, il ne sauve que les capitalistes stratégiques, et ceux que j’appelle les banquiers supérieurs. En aucun cas il ne résout les problèmes des gens anonymes, qui perdent ou vont perdre leur job, qui sont surimposés et abusés par toujours plus de taxes, qui n’ont plus accès au crédit, qui ont perdu ou vont perdre leur maison, et qui ne peuvent plus consommer. Le “plan Paulson” ne résout pas la crise, c’est une décision de courte-vue uniquement pour sauver très temporairement le système.

Pour ma part, je parie que la crise systémique globale sera plus forte encore, et que tout ceci ne contribuera qu’à l’attiser davantage.

Quoi qu’on en dise, la tendance lourde mondiale, surtout en occident, c’est la baisse. La décroissance, et sûrement pas la hausse dans les conditions actuelles.

La majorité des traders pariaient sur un enfoncement des marchés, au moins à moyen terme. S’ils ne peuvent plus faire gagner de l’argent à leurs patrons en misant sur les baisses, que le marché est baissier et qu’on leur impose de gagner sur les hausses, comment le système financier va-t-il pouvoir générer des profits dans un tel marché?

Le système financier mondial, ultra-capitaliste et ultra-libéral est cette fois définitivement remis en question. Le “plan Paulson” a le mérite de le démontrer, il donne raison aux détracteurs du système global, car c’est bien une institution publique qui vient au secours d’une institution privée, impensable. Maintenant il faut repenser la finance mondiale, très vite, car c’est elle qui assure le développement exponentiel qu’on a connu jusqu’alors (et dont il sera très douloureux, pour ne pas dire dramatique, de se passer).

Certains spécialistes évoquent la piste du système utilisé dans le monde arabo-musulman, avec les principes de la Charia transposés en matière bancaire et financière. Mais qui serait prêt à franchir le pas, en occident, en Europe, aux USA?…

Pour aller encore plus loin dans la recherche des conditions qui ont amené le gouvernement américain à une action stratégique majeure et à son interventionnisme en milieu privé, il existe d’autres hypothèses.

En effet, il y a une autre façon d’interpréter les mesures hallucinantes prises par les régulateurs des marchés en occident visant à interdire la vente à découvert. On peut très bien imaginer que ce changement brutal de règle du jeu cache en réalité une “contre-mesure militaire” (active ou préventive) en pleine guerre économique mondiale?

Qui peut affirmer aujourd’hui que le monde occidental n’était pas attaqué dernièrement au cœur de son système (ou ne le serait pas prochainement), là où ça fait le plus mal, par une ou des puissances qui visaient les intérêts économiques et financiers, en profitant d’une économie déjà malmenée, et en les faisant s’effondrer, par des opérations massives, continues et diluées, toutes baissières.

Mais dans le même temps, qui peut affirmer que le monde occidental n’a pas essayé de frapper, avec les mêmes armes, peut-être avec plus ou moins de succès, dans l’antre financière de ses ennemis?

Observons bien ce qui se passe, les péripéties récentes de la place financière russe sont un bon exemple à mon avis, de ce qu’il est possible de faire dans ce domaine.

Quel avenir pour les entrepreneurs?

Je suis de ceux qui estiment qu’on ne parle pas assez des entrepreneurs, je trouve qu’on n’en dit jamais assez de bien.

J’en profite pour leur rendre hommage, surtout en ces temps de crise, ils sont en première ligne, en pleine guerre économique mondiale, et doivent jongler quotidiennement avec des nouveaux problèmes qui les dépassent bien souvent.

Les entrepreneurs, parce qu’on les appelle aussi patrons, ne sont pas considérés à leur juste valeur dans la société.

Prenons garde de ne jamais confondre les « élites », ces haut dirigeants des grandes entreprises capitalistes qui ont des intérêts discutables, avec les millions de patrons de petites entreprises à taille humaine, qui se battent pour leur liberté d’entreprendre, ou simplement pour préserver ce qu’ils ont su créer.

Tous ces gens qui ont des idées, qui les mettent en œuvre, qui vivent de leurs initiatives, qui prennent des risques financiers souvent considérables en s’endettant, permettent à beaucoup d’autres, employés et collaborateurs, directs ou indirects, d’en vivre sans en avoir les soucis.

Je sais que c’est politiquement correct d’affirmer que sans les travailleurs, sans les employés, il n’y a pas d’entreprise, et donc pas de patrons, mais ce n’est pas manquer de respect aux employés que de rappeler que sans les entrepreneurs, sans les patrons, il n’y aurait jamais d’emplois, donc d’employés. Les uns nécessitent les autres. Néanmoins, contrairement à la question de savoir qui de l’œuf ou de la poule vient en premier, pour qu’il y ait des employés, il faut d’abord créer une entreprise à partir d’une idée et du courage d’un entrepreneur, c’est seulement une fois l’activité lancée qu’on peut envisager de créer de nouveaux emplois.

Toute société moderne nécessite des entrepreneurs qui ont des idées, à l’origine d’entreprises, à l’origine d’activités économiques, à l’origine de nouveaux emplois, à l’origine de la consommation. La boucle est bouclée. Tout ce qui viendrait enrayer cette logique, enraye le système, et compromet la cohésion sociale.

De mon point de vue, les entrepreneurs, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, représentent la première richesse de la communauté, et c’est à ce titre que je demande qu’ils soient respectés, dignement et simplement pour ce qu’ils sont, et ce qu’ils apportent.

La crise financière mondiale que nous traversons met en exergue l’un des principaux problèmes : le financement des projets d’entreprises, le financement du développement ou celui des investissements.

De l’avis de tous, les banques, en plus de faire de l’argent sur le dos de leurs clients, devraient jouer un rôle primordial et stratégique : assurer le financement du développement et de l’investissement, pour perpétuer continuellement et sans faille l’économie réelle des sociétés humaines.

Depuis de nombreuses années maintenant, les banques ne jouaient plus vraiment ce rôle, et avaient privilégié de « fabriquer » de l’argent « virtuellement » avec toujours plus d’argent « virtuel », notamment au travers des places financières et des mécanismes et produits financiers qu’elles ont inventé, au lieu de financer plus largement l’initiative économique, le développement de l’économie réelle.

La France regorge de talents, paraît-il, alors il faut sans plus attendre permettre à tous ceux et celles qui ont des prédispositions à s’engager dans de nouvelles activités en assurant le financement de leurs (bonnes) idées, et de leurs projets (réalistes).

Il faut financer la matérialisation des idées pour les transformer en réalisations concrètes chaque fois que c’est possible, c’est à dire en entreprises viables, en activités économiques réelles.

Hélas, aujourd’hui, la plupart du temps lorsque quelqu’un a une (bonne) idée, il ne trouve jamais le financement pour son investissement initial, c’est un véritable chemin de croix que de trouver des fonds pour se lancer y compris dans un vrai projet viable.

Le gouvernement français, sous l’impulsion du Président Sarkozy a bien compris l’enjeu stratégique que représentent les petites entreprises et les entrepreneurs, et a pris des mesures très intéressantes pour les protéger contre le tsunami de la crise mondiale.

Le déploiement très rapide d’un dispositif de soutient aux P.M.E., au travers des « Parrains P.M.E. » ou des « Médiateurs » est un premier succès, même s’il est encore insuffisant. Au moins il aura permis de résoudre un certain nombre de problèmes immédiats, et de « prendre la température ».

L’utilisation plus intensive et mieux organisée d’organismes tels qu’Oséo pour financer le développement est une excellente chose aussi, même si encore une fois, les procédures sont trop longues pour aboutir.

Quels sont les problèmes des entrepreneurs aujourd’hui, en pleine crise ?

– les banques ne financent pas les projets qui ne présentent pas les garanties nécessaires (pour faire simple, on prête un euro contre un euro en garantie en face),

– les banques ne financent ni le stock ni le fond de roulement, alors que pour vendre, quand elles ont des marchés, les entreprises nécessitent d’avoir du stock d’avance,

– les banques limitent ou annulent les découverts « autorisés » ou « tolérés », alors que la trésorerie des entreprises est toujours plus tendue, les délais de paiement des clients s’allongent par ailleurs,

– les assureurs-crédit limitent ou annulent les garanties auprès des fournisseurs ou des grossistes au moindre incident, contraignant les petites entreprises à devoir payer comptant leurs marchandises, alors qu’elles n’ont souvent pas de trésorerie,

– les contrôles fiscaux sont toujours plus nombreux, dans un système devenu plus sécuritaire, il faut que l’état puisse contrôler pour avoir confiance, hélas lorsque le monde de l’entreprise à taille humaine rencontre l’univers du contrôle fiscal, souvent ils ne se comprennent pas, et ils ne bataillent pas à armes égales,

– les services du Trésor Public ne facilitent pas les choses en ne remboursant pas rapidement les crédits d’impôts ou de TVA, parfois le Trésor Public, donc l’État doit des dizaines de milliers d’euros à des petites entreprises, qui doivent attendre des mois pour être remboursées, ou même avoir l’autorisation d’en faire simplement la demande !

– les charges patronales, sociales et générales augmentent continuellement, compromettant la compétitivité des entreprises et activités locales face aux entreprises et activités mondiales.

On ne pourra pas résoudre rapidement tous les problèmes des entrepreneurs, mais je souhaite qu’on puisse au moins en résoudre un : le financement des projets de développement et le financement des bonnes idées.

Il n’est plus acceptable que dans un pays comme la France, ce soient des banquiers qui décident, souvent en petit comité, de l’éligibilité au financement de tel ou tel projet. Chacun son métier. Qui peut prétendre aujourd’hui que les banquiers ont à eux seuls les compétences pour comprendre la vision d’un entrepreneur, saisir toute la pertinence d’une nouvelle idée ?

Je souhaite que tout dossier de financement de projet d’entreprise refusé par une banque soit systématiquement audité par un comité d’entrepreneurs et de business développeurs dont c’est le métier que de créer de l’activité économique, à qui on demandera un avis qui devra être entendu.

Avec un avis favorable, l’État apporterait une caution financière suffisante, permettant à la banque de débloquer le financement du projet à un taux préférentiel pour l’entrepreneur, porteur du projet.

Un organisme tel qu’Oséo pourrait parfaitement mettre en place, dans chaque région, une équipe d’entrepreneurs et d’experts dans différents secteurs d’activité, qui auraient leur mot à dire lorsqu’une banque rejette le financement d’un projet de création d’entreprise ou d’investissement, et qui pourraient faire basculer la balance dans le bon sens.

Trouvons ces experts, trouvons ces entrepreneurs déjà établis qui pourront comprendre leurs homologues, trouvons ces business développeurs, ces gens qui savent comment, à partir d’une idée, produire de l’activité, de manière sécurisée et viable. Au lieu de les voir partir à l’étranger où ils sont compris et reconnus, gardons-les, et utilisons leurs compétences !

Je sais que l’avenir est très sombre, mais si toutes les énergies créatives, si toutes les bonnes volontés se réunissent, la crise pourrait se transformer en une nouvelle chance de transformer nos institutions, et d’en réformer leur fonctionnement.

Les riches pays arabes vont-ils sauver notre monde?

Le “plan Paulson” qui visait à “sauver” les institutions financières américaines, historique et très critiqué, n’a pas été adopté par la Chambre des représentants aux USA.

Désormais, il n’y a plus de solution officiellement, et le problème est devenu tellement énorme qu’il peut engendrer d’un jour à l’autre un cataclysme sur toute la planète en faisant radicalement exploser le système capitaliste et financier international, pour finalement le réduire à néant.

Soyons très objectifs, et revenons un peu sur les fondamentaux de la crise.

Le “système” mondialisé que nous connaissons dans nos civilisations avancées est basé exclusivement sur le développement exponentiel, sur la consommation exponentielle et sur la production exponentielle.

Désormais, l’idée que dans un “monde fini rien ne peut être exponentiel” a fait son chemin dans les consciences. La confiance dans ce “système” est fortement altérée, et à peu près rien ne pourrait inverser la tendance.

Dans la mesure où on ne peut pas se développer de manière exponentielle, le “système” arrive à son “point de rupture”, au pire moment de l’histoire.

De plus, en occident, nous sommes intimement dépendants de produits primaires tels que le pétrole, le gaz et d’autres encore que nous devons acheter, de plus en plus cher, en dehors de notre périmètre. Depuis toujours, nous n’avons cessé de transférer notre cash auprès des pays producteurs (nous avons fortement enrichi les arabes, et dans une moindre mesure les chinois, les russes…) en échange de produits primaires, que nous avons depuis consommé. De plus, nous avons initié des guerres et sommes associés à des troubles sur toute la planète, et l’image de l’occident s’est terriblement dégradée.

Nous les occidentaux, nous ne sommes crédibles que lorsque nous sommes très puissants, or à l’allure où vont les choses, nos civilisations modernes vont se retrouver assez rapidement au tapis pour un bon moment.

J’entends dire “c’est le moment, il faut changer le système, il faut repenser la finance internationale, trouver des nouvelles règles”. Le FMI se propose de s’en charger, s’il est mandaté, il se sent “investissable” pour cette mission.

Malheureusement, nous ne disposons pas de beaucoup de temps, et qui est en mesure d’imposer, au niveau international, dans un délai record, des nouvelles règles acceptables par toutes les parties? Bush? Sarkozy? Les chinois? Les russes? Les arabes?

Que faut-il faire désormais? Fermer les places financières quelques semaines? Quelques mois? C’est possible, c’est certainement une option qu’il aurait fallu retenir, hélas en sacrifiant des centaines de milliers d’emplois dans le domaine de la finance et de la haute finance.

Une autre option existe pourtant, elle n’est pas encore très évidente, mais elle pourrait bien s’imposer. Regardons simplement au Moyen-Orient, du côté des riches pays arabes.

Nous sommes le 29 septembre 2008, le Ramadan se termine aujourd’hui, on s’apprête à fêter l’Eid, et peut-être qu’après, d’ici quelques jours, et d’après ce qui se dit, on va passer à d’autres choses très sérieuses.

Depuis plus de 50 ans, les pays occidentaux ont enrichi les monarchies du Golfe (Koweït, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Qatar…). Nul ne sait précisément de quel pactole ils disposent, tous réunis, mais on avance les chiffres faramineux de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars.

Le plan pour sauver la finance américaine, c’était 700 milliards de dollars.

Les arabes disposent probablement de plus de 100 000 milliards de dollars d’actifs et de liquidités. C’est à dire plus de 140 fois le coût du fameux plan évoqué plus haut.

Globalement, lorsqu’ils seront décidés à le faire, ils pourraient racheter instantanément la dette des USA et celle de l’Europe. En quelques jours.

Mais qu’est-ce que les arabes peuvent racheter et contrôler, s’ils le désirent?

C’est très facile de répondre à cette question. Avec la chute vertigineuse des valeurs boursières respectives, techniquement ils peuvent prendre le contrôle des banques, mais aussi des entreprises, les petites comme les grandes. Les institutions très rapidement ensuite. Et tout ça sans bouger de chez eux, ou en utilisant leurs places financières ultramodernes.

Dubaï, par exemple, pourrait être le cœur (et la tête) de cette immense prise de contrôle à distance, redoutable d’efficacité.

Libre à eux, ensuite, de faire appliquer les règles de leur propre système (avec notamment les principes de la charia) sur nos territoires, puisqu’ils seront des actionnaires majeurs.

Nous sommes au beau milieu d’un mouvement à 180°, qui a peut-être commencé le 11 septembre 2001, et qui se terminera dans les prochaines années, avec à la clé des bouleversements de civilisation considérables, et un changement géopolitique d’une amplitude jamais observée. De nouvelles opportunités pourrait s’offrir à ceux qui sauront les saisir.

Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut en avoir peur ou pas.

La question serait plutôt… Vont-ils le faire?

TVA à 5,5% dans la restauration : parlons un langage vrai

Depuis des années, le sujet de la TVA réduite à 5,5 % dans la restauration française est un thème récurrent.

Le dossier est régulièrement porté à bout de bras par les Présidents et les gouvernements français qui se succèdent comme s’il était des plus stratégiques.

Presque 20 ans d’inertie, c’est aussi un bon indicateur pour mesurer la réactivité et la vélocité du “système décisionnel européen” et de sa capacité à intervenir et à trancher.

C’est aussi et surtout un écran de fumée cache-misère, qui masque d’innombrables autres problèmes parfois plus sérieux mais ayant moins de relais médiatiques.

Parlons un langage vrai.

– Est-ce qu’une TVA réduite dans la restauration va créer de l’emploi?

J’affirme que non car les entreprises de restauration ont besoin de générer de la marge, je ne parle pas de profit ou de bénéfices, je parle simplement de marge. De quoi sécuriser leur activité et leur investissement. Par ailleurs, on sait qu’il n’y a pas de main d’œuvre qualifiée, formée et motivée immédiatement disponible. Le contrat d’embauche de type CDI est pire que la peste aux yeux des patrons, et on ne peut pas leur donner tort en observant ce qui se passe dans les tribunaux prud’hommaux. Qui peut conseiller aujourd’hui à un patron en le regardant droit dans les yeux “n’hésitez pas à embaucher du personnel au travers un contrat de type CDI, allez-y même les yeux fermés!”. Et ce raisonnement n’est bien sûr pas valable uniquement dans le domaine de la restauration, hélas.

– Est-ce qu’une TVA réduite va favoriser la baisse des prix pour le consommateur?

J’affirme là encore que non, puisque pour les raisons évoquées ci-dessus, la priorité absolue désormais pour les entreprises de restauration, c’est la protection de la marge, surtout en période d’inflation. En aucun cas les prix ne vont baisser (en théorie, une note de 100 € taxée à 19,6 % devrait passer à 88,21 € taxée à 5,5 % soit une baisse de moins de 12 % sur le prix total pour le client final). Dans la réalité concrète, les prix n’évolueront quasiment pas à la baisse, ou en tout cas de manière très insignifiante dans la majorité des restaurants. Quelques temps après la baisse de TVA dans la restauration, j’explique déjà que les prix continueront même à progresser, encore plus vite. La mécanique est très simple. Aujourd’hui, un restaurateur a d’énormes problèmes de conscience lorsqu’il augmente son prix car il sait qu’avec une TVA à presque 20 %, l’impact sur le tarif client est immédiatement ressenti. Demain, avec une TVA réduite à 5,5 % il n’y a plus de problème de conscience, et l’augmentation de prix est d’autant plus facile à appliquer.

Pire. Je vois un autre problème, jamais soulevé, à destination des entreprises. En effet, une grosse partie du marché de la restauration concerne les professionnels qui fréquentent les restaurants et récupèrent la TVA sur les notes. Aujourd’hui, sur une note de 100 €, l’entreprise récupère 16,39 € de TVA et voit sa charge passer à 83,61 € alors que demain, si l’on considère que globalement les prix ne baisseront pas, l’entreprise verra sa charge passer à 94,78 €, soit une hausse de plus de 13 %. Comment réagiront les entreprises qui envoient leur personnel prendre leurs repas dans les restaurants? Elles augmenteront les prix de leurs produits, pour protéger leur propre rentabilité, une fois de plus.

– Est-ce que la TVA réduite est juste pour un restaurateur français?

Évidemment que oui, car une majorité de pays en Europe pratiquent déjà la TVA réduite inférieure bien souvent à 10%, voire super-réduite à 3% (non vous ne rêvez pas) : privilège du Luxembourg. Ces différences fiscales ne sont pratiquement jamais évoquées sur la place publique et elle ne semblent pas passionner le débat. Pourtant, qui peut défendre ces injustices, l’Europe argumente depuis toujours en expliquant que c’est pour “préserver la fiscalité initiale des pays concernés au moment de leur intégration à l’Europe”. Totalement idiot comme raisonnement, puisque l’objectif absolu en Europe devrait être l’uniformisation rapide et cohérente du système fiscal sur le marché intérieur, pourquoi pas branche par branche.

– Est-ce que la TVA réduite dans la restauration aura un impact sur le marché intérieur?

Objectivement oui, un impact énorme même, surtout dans les larges zones frontalières où la concurrence est très inégale et injuste, puisqu’il peut favoriser l’égalisation et l’équilibre concurrentiel. C’est justement dans ces zones frontalières où l’Europe prend tout son sens, puisque c’est là que la mixité et le brassage des peuples d’Europe se pratique, et où tout peut se comparer très facilement. L’idéal serait qu’en France, comme au Luxembourg par exemple, à qualité égale, le prix d’un repas soit globalement le même et que surtout l’entrepreneur, le patron du restaurant, qu’il soit français ou luxembourgeois, puisse vivre dignement et tirer avantage de son investissement coûteux et risqué, de manière acceptable.

– Est-ce que la TVA réduite dans la restauration est juste par rapport aux autres métiers?

Je suis convaincu que non, et pire, cela va forcément générer des convoitises sur le plan national, et même sur le marché intérieur. On peut même raisonner plus globalement : pourquoi tel métier mérite une TVA à 5,5% alors que tel autre mériterait une TVA normale à 19,6%? Ou encore, pourquoi tel métier mérite une TVA réduite dans tel pays, et le même métier une TVA normale dans tel autre pays au sein de l’Europe?

Le traitement égalitaire, la justice et l’équilibre fiscal restent plus que jamais une problématique centrale en Europe.

Alors oui pour un taux super-réduit à 3% dans la restauration, partout en Europe…