Archives mensuelles : avril 2006

Sabotage, terrorisme et chaos

Quand on regarde le monde en face, et compte tenu des innombrables difficultés et conflits de tout ordre qui nous affectent directement ou indirectement, on peut être tenté de se demander « mais où allons-nous? combien de temps pourrons-nous résister à cela? ». Les experts ont une réponse plutôt courageuse si on lui donne son véritable sens, « nul ne sait ce qui peut encore nous arriver demain », ou mieux, « nul ne peut dire qu’elles en seront les conséquences ».

L’humanité toute entière est engagée dans un tourbillon infernal qui se nourrit des problèmes pour en produire d’autres, à un rythme effréné. Ce phénomène, qui existe probablement dans une forme latente, perceptible et mesurable depuis un peu plus d’un siècle, est désormais dans une phase hautement critique. Pour ma part j’estime même que, s’il a été pendant longtemps possible de pouvoir empêcher le pire, nous avons aujourd’hui dépassé un « seuil de non retournement », ce qui rend le mécanisme de broyage inéluctable et ininterruptible.

Depuis l’ère industrielle avec le renfort de la mondialisation et de l’économie globale, une mauvaise répartition des richesses et des gains, une distribution inéquitable des énergies fondamentales, l’injustice, la corruption, les erreurs historiques, les puissances politiques divergentes, le contrôle dans l’ombre, l’absence d’une stratégie globale saine et sage et la puissance des religions sont les causes des tensions toujours plus grandes entre les hommes et qui les poussent à s’opposer.

Si les spécialistes et les experts ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les conséquences des troubles de la période actuelle et ne font que prévenir qu’elles ne seront pas négligeables, on peut quand même tenter de se faire une idée sur ce qui nous attend.

Pour résumer, on sait déjà que les pays modernes, l’occident en particulier, connaissent de sérieux problèmes économiques, et un ralentissement général de leurs activités. Ce sont eux aussi qui supportent les plus importantes charges structurelles, et qui sont donc aussi les plus vulnérables en théorie, car leur capacité de rebond est finalement assez réduite.

En même temps, le coût des matières premières et des énergies augmente significativement du fait de leur rareté et de leur sécurisation. Les réserves de pétrole et de gaz s’épuisent plus vite que prévu à cause du développement, pourtant prévisible, de l’Asie, les installations sont de plus en plus difficiles à exploiter, et il est de plus en plus dangereux de les acheminer. Presque toutes les zones de production étant en guerre ou en conflit plus ou moins naissant, ceci nécessite des moyens de sécurisation toujours plus lourds, généralement militaires. Pour être plus précis, toute l’économie globale, tout le monde occidental, toutes les populations des pays riches et même les autres ont un modèle de maintien et de développement qui repose directement sur la disponibilité des énergies fondamentales. Une modification même mineure d’un paramètre concernant la disponibilité ou le prix de revient a rapidement une conséquence fantastique sur une quantité de choses qui nous affectera tous, au quotidien.

L’impact sur les individus, essentiellement économique au début, est palpable, il se caractérise par une augmentation des charges et pressions de toutes natures, par la baisse du pouvoir d’achat, et par la rupture de confiance envers le système politique et gouvernemental, gouvernements qui n’ont successivement jamais apporté de réponses miraculeuses, toutes tendances modérées confondues.

Les personnes physiques, les individus, sont les éléments les plus fragiles dans la société, ils ont néanmoins une grande capacité d’adaptation et d’absorption des chocs, d’encaissement des problèmes successifs. Hélas comme toute résistance élastique, il y a toujours un seuil de rupture au delà duquel il serait bien hasardeux de se prononcer concernant la matière humaine.

Les personnes morales, les entreprises, sont le moteur du système, c’est autour d’elles que tout s’organise. Malmenées, ne disposant que de moyens limités pour subsister dans le temps à des longues périodes de ralentissement économique, évoluant dans une sorte de brouillard sans visibilité, subissant des contraintes financières toujours plus grandes, elles sont également sensibles aux troubles. Pour leur survie, elles suspendent l’embauche, ou licencient quand elles ne cessent pas tout simplement d’exister.

Les institutions publiques, au service des gouvernements et des populations, sont également soumises aux mêmes contraintes, plombées par le manque de rentabilité ou de dynamique, et par leur poids.

Face à cette situation, les diverses populations vont réagir de plus en plus violemment, pour atteindre de nouveaux standards. Les manifestations publiques seront de moins en moins pacifiques et toujours plus incontrôlables dans leurs débordements. On a déjà constaté par ailleurs que les forces de l’ordre ne s’opposent plus frontalement aux groupes violents, mais se contentent de protéger les biens publics et privés, au lieu d’entrer en confrontation directe, évitant ainsi probablement de nombreuses victimes.

Les conclusions des expériences passées seront mises à profit. Les gens savent désormais que des actions pacifiques n’apportent plus aucun résultat, ainsi, en marge nous assisterons à des actions violentes, rapides, parfois dévastatrices, opérées par de petits groupes, très mobiles et très motivés. Ces actions seront menées dans un esprit de vengeance, de forte revendication et d’anarchie, tous les problèmes seront mêlés pour finalement s’exacerber à l’occasion des manifestations publiques, chacun en profitant pour exprimer toujours plus de mécontentement. Tous les prétextes seront bons pour s’opposer au système et aux gens qui le font.

Très rapidement, un nouveau type d’action va émerger, on en voit déjà les prémisses. Mais personne n’ose réellement prononcer son nom tant c’est inquiétant. Il s’agit du sabotage. Des actions insidieuses, subversives, difficile à prévenir, qui ont pour but de nuire.

Les sabotages pourront être orchestrés par des individus seuls, ou par des groupes motivés par la vengeance et le désespoir. L’essentiel de ces actions criminelles pourraient ne pas être signées, ni revendiquées ce qui en compliquera leur identification.

Ainsi, nous verrons de plus en plus d’incidents, d’accidents, d’anomalies, de « choses curieuses », à toutes échelles, qui auront des conséquences fâcheuses, sans que nous puissions clairement déterminer avec précision ni les causes ni les auteurs. Pour un bon nombre d’entre eux, il s’agira de sabotage, bien au delà du simple vandalisme. Je pourrais donner de nombreux exemples indémontrables, comme la rupture d’approvisionnement en électricité, la détérioration dans les systèmes de télécommunication, les ralentissements ou obstructions administratives, les perturbations dans les réseaux de transport, les malfaçons industrielles, les procédures de contrôles bâclées, mais néanmoins validées, faussant les informations, etc. Il existe des centaines d’hypothèses.

De plus en plus de gens ont conscience de pouvoir « ralentir », « paralyser », ou « parasiter » le système économique ou des décisions politiques en agissant par le sabotage.

Le sabotage est une forme de criminalité très opaque contre laquelle il est très difficile de lutter, tous les domaines peuvent être concernés. Une fois répandue, il me paraît peu probable que nous puissions aisément rétablir un climat sain et sécurisé.

Au delà du sabotage, il y a le terrorisme.

Pour le moment, on associe essentiellement le terrorisme à l’islamisme radical, or je rappelle que le terrorisme n’est évidemment pas toujours motivé par le fanatisme religieux. Dans l’avenir, le terrorisme pourrait être lié à toutes les formes de revendication, largement inspiré par le terrorisme islamique.

Le terrorisme est une notion qui doit définir tout ce qui amène ou installe la terreur dans l’esprit des gens. Il se formalise par des actions violentes, sournoises, inattendues. Ainsi, par exemple, je qualifierai de terroristes un groupe de producteurs de vin qui s’organise pour monter une opération de destruction de stock controversé, où les membres qui participent à l’opération sont cagoulés et armés n’hésitant pas à s’attaquer y compris aux forces de l’ordre en les faisant reculer ou fuir. Par ces propos je ne juge pas si ces actions, ou la manière de les mener, sont justifiées ou non, je dis simplement qu’il s’agit de terrorisme. En novembre 2005 lors des émeutes en France, j’avais déjà parlé de terrorisme urbain, propos repris dans la presse. Bientôt, nous pourrions voir émerger des opérations « commando » ici ou là, organisées par de petits groupes de gens en rupture sociale et économique, qui pourraient par exemple prendre d’assaut des centres commerciaux, dérober des biens, et s’enfuir très rapidement avec toujours des victimes innocentes, personnes morales ou physiques. Si en plus, comme je le pense, ceux qui participeront à de telles opérations seront cagoulés, nous serons bien en présence selon moi d’une action criminelle terroriste.

Un autre exemple me semble encore plus parlant. Quand le litre d’essence sera à deux euros ou plus, croyez-vous que nos véhicules seront à l’abri des vols de carburant par le perçage des réservoirs?

Une société humaine moderne, confrontée en permanence à une criminalité complexe, mêlant sabotages et terrorisme plongera dans le chaos. Cette idée me paraît tout à fait réaliste, sévère, mais réaliste. Qui pourrait nous assurer, nous affirmer, nous garantir même qu’une société civilisée républicaine avec tout ce que cela implique puisse s’en sortir, ou même simplement se maintenir, dans un environnement turbulent, instable, oppressant et que chaque individu ne va pas subir directement les aléas de telles situations par nature inmaîtrisables?

Même si je suis conscient de passer pour un déclinologue, selon la formule de certains, je peux quand même proposer aux plus objectifs d’entre nous de se préparer à vivre des moments plutôt difficiles, prochainement, au cas où. Face au pire, on s’en sort toujours mieux quand on est prêt et informé, et si on y réchappe on pourra toujours se dire qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

Qui peut expliquer aux français ce qu’est la réalité du monde?

Comme je le dis souvent, le monde tend à être global. C’est un mécanisme inéluctable, qui a véritablement démarré il y près de deux siècles avec l’ère industrielle moderne, et qui fait appel désormais à un nombre incalculable de paramètres qui font que nul homme, nul groupe d’hommes, nulle organisation, nul gouvernement, nul pays, et même nul regroupement de pays ne peuvent ni le freiner, ni l’infléchir.

C’est un fait, sur lequel il faut s’appuyer et compter.

Dans ce monde global, où le capitalisme et l’économie sont les principaux piliers et vecteurs de développement, il en existe surtout un autre, non négligeable, la liberté, notamment la liberté individuelle.

On peut donc admettre que si le système économique global présente des contraintes, il intègre également des avantages.

Ce système, s’il semble aux yeux de l’essentiel des gouvernants de ce monde être le plus adapté au maintient de l’Humanité dans sa modernité, est en réalité très difficile à administrer du fait de son immense complexité, il me semble même devenu totalement ingérable. Mais encore une fois, c’est dans ce système que nous évoluons tous, d’autant qu’il est socialement en amélioration constante toutes proportions gardées, mais néanmoins inéquitable.

Dans ce monde global, et sur le plan stratégique et économique, les États-Unis ont une dynamique à la fois locale et globale, mais également l’Asie, et nouvellement le Moyen-Orient, avec sa mégapole bientôt incontournable, Dubaï. Ce sont eux qui font le monde d’aujourd’hui et surtout de demain. Quand on voyage dans ces zones du monde, on se rend vite compte comme l’activité y est dense et visible, les gens sont au travail, et ce sont des travailleurs, tout est en développement, tout va très vite. S’il fallait comparer l’Europe, avec les endroits du monde qui se développent depuis quelques années, vous n’avez pas d’autre choix que de constater que le continent entier, la France en tête, est à… l’arrêt.

L’Europe n’a à mon sens, plus aucune dynamique globale.

De mon point de vue, et nous sommes beaucoup à partager cette idée, même si elle est difficile à accepter, quand un pays est à l’arrêt, en réalité il est en récession, en déclin, il se meurt, et il est peu probable qu’il se redresse sans fracas et sans dégâts. Alors quand c’est un continent entier, 25 pays en plus inégaux, nul n’en connaît les conséquences, mais personne ne peut affirmer que c’est un détail, et que ça n’aura pas une importance critique pour son avenir.

L’Europe est un espace à part dans ce monde global. Les pays qui font l’Europe sont à l’arrêt, rien n’avance, tous se cherchent une place. Autour d’eux malheureusement, tout avance très vite, et nous avons probablement déjà dépassé le seuil de non retournement.

Les peuples d’Europe, les français en tête, à commencer par les gens les plus pauvres en ressources matérielles et/ou mentales, ont beaucoup de difficulté à franchir des étapes incontournables qui permettraient sa fusion intelligente dans la dynamique globale, autant à l’intérieur des pays qui composent la communauté européenne, qu’à l’extérieur. Toutes ces barrières, entre les peuples fébriles, et les gouvernements figés, font que les gens n’ont pas le moral parce que les promesses faites ne sont pas tenues, parce que l’activité est en berne, le chômage s’accentue, les coûts augmentent, le pouvoir d’achat individuel baisse, les gens sont minés par des paramètres qui les affectent directement.

Les réformes paraissent impossible à manœuvrer, partout en Allemagne, en Italie, en Angleterre, et surtout en France, elles sont empêchées par des groupes de la population, pas toujours les mêmes, qui descendent dans la rue, qui exercent une pression importante sur toute la communauté, même s’ils n’en sont pas représentatifs puisqu’ils ne représentent qu’eux même, qui sabotent les décisions, qui forcent les gouvernements à changer leur stratégie. Les européens les plus démunis, mal informés, peu structurés, sans aucune vision ni perspective au delà de leur propre champ quotidien, et sans qu’ils sachent réellement comment est le monde global dans lequel ils évoluent car ils ne l’ont pas réellement expérimenté, s’opposent systématiquement à tout changement, ne tentent rien, veulent à tout prix défendre des idéaux sociaux irréalistes, qui peuvent se résumer par « travailler toujours moins, toujours moins difficilement, gagner toujours plus d’argent, être toujours mieux protégé individuellement, gagner en sécurité individuelle, l’ensemble devant être supporté financièrement par les plus énergiques et les plus créatifs d’entre-nous sans qu’ils soient pour autant valorisés, ceci sans limitation de durée, et avec la garantie et la bénédiction des gouvernements ».

Entre une Europe à l’arrêt, et les USA, l’Asie, le Moyen-Orient en développement exponentiel débordant, il y a forcément des positions intermédiaires et alternatives, qui pourraient ne serait-ce que permettre aux européens d’améliorer leur quotidien et leur donner de la perspective, compte tenu du fait qu’ils regorgent en leur sein de tous les talents, et de toutes les énergies créatrices nécessaires, qualitatives notamment.

C’est le paradoxe de l’Europe. Un peuple à priori intelligent, mais bridé par une liberté toute relative, qui fait que ceux qui osent, ceux qui veulent, ceux qui ont des idées et qui pourraient vraiment améliorer les choses ne peuvent pas avancer à cause de ceux qui ne veulent pas, qui n’oseront pas, et qui n’ont en définitive pas d’autres idées que de s’opposer à ceux qui en ont. Certains diront que c’est le jeu politique, ou que c’est le jeu de la démocratie, je pense que c’est une erreur, un drame même. Qui peut affirmer objectivement qu’il est bon pour le monde moderne et civilisé que des énergies individuelles soient freinées dans leur mouvement par des groupes d’opposition conservateurs, surtout quand elles sont exercées pour contribuer au système et donc à la communauté dans son ensemble?

Je sais à quoi conduit cette situation dans la réalité. Voyez-vous, dans un monde global, où les mouvements sont libres, plus rien n’empêche personne d’abandonner sa situation pour une autre qui semble meilleure. L’Europe, et en particulier la France, se vide de son sang depuis de nombreuses années. Le mouvement ne cesse pas d’augmenter. L’énergie du pays, qui est construite autour des gens énergiques, créatifs, entrepreneurs et qui aspirent à la liberté, est en baisse. Ces gens de qualité, selon qu’ils sont assez forts ou non, décident soit de baisser les bras définitivement ou provisoirement, soit de quitter le navire avant qu’il ne sombre. Dans tous les cas, ils ne font pas profiter à leur pays de toute l’énergie qu’ils auraient pu donner et ils subissent une déception psychologique importante, parfois irréversible lorsqu’elle a atteint un seuil mobile selon les individus. C’est le point de rupture, la rupture de confiance. Un gâchis.

Aujourd’hui en France, et partout en Europe, vous avez une petite partie de la population qui peut tirer l’ensemble vers le haut. Hélas par manque de réalisme et d’expertise, par provocation, et par son incapacité à faire avancer les choses vers une issue progressiste, une autre petite partie de la population à l’opposé, généralement les jeunes inexpérimentés, les idéalistes, les anarchistes, les syndicalistes, les gauchistes, les professionnels de la politique aux idées courtes ou les altermondialistes qui utilisent la rue, et la manipulation mentale ou médiatique pour arriver à ses fins, anéantissent tous les efforts de ceux qui peuvent faire avancer les choses. L’ensemble de la dynamique communautaire est paralysée, parasitée par les blocages, les ultimatums, les grèves, etc.

En république, un gouvernement ne devrait pas céder à la rue, quand des experts indiquent que la bonne issue est précisément celle décriée. La raison doit toujours être plus forte que l’émotion, quitte à y mettre les moyens, pour préserver l’intérêt général. Au niveau d’un pays, c’est de l’ordre du vital.

Depuis 1980 environ, on a fait croire aux gens, en France mais aussi partout en Europe (sur le modèle français parfois), qu’un système éducatif « moderne » et des études longues pourraient permettre à 80% de la population d’obtenir une qualification élevée, débouchant sur un travail qualitatif, interprété comme tertiaire, assorti d’un salaire forcément en rapport. Vingt cinq ans plus tard, force est de constater que cette stratégie éducative est un échec absolu, les jeunes ne sont pas qualifiés pour aucun métier, ils sont bardés de diplômes qui ne leur servent pas, les besoins des entreprises ne sont pas en adéquation avec l’offre. La majorité des jeunes, souvent en échec scolaire, n’a aucun goût au travail. On les a habitué à vivre dans une société qui leur doit tout, dont ils savent qu’ils peuvent tout avoir, et dont ils connaissent toutes les failles pour mieux les exploiter, tant elles sont évidentes. Pour les autres, ils entrent sur le marché du travail à 26 ans, parfois plus, et ils ne savent pas travailler, on doit tout leur apprendre, et ils ne peuvent pas être payés comme « on devrait l’être » à 26 ans. Les jeunes adultes connaissent la précarité, et ont pour perspective encore plus de précarité, ils ne l’acceptent pas. Tous finissent par s’opposer. Ce qui conduit une fois de plus à une situation de blocage, de crise de confiance.

J’ai envie de dire, une nouvelle fois, « arrêtez de rêver! ». La France, au travers de l’Europe, doit se remettre au travail. « On n’a rien sans rien ». Les filières traditionnelles doivent être revalorisées. Les entreprises ont besoin de gens opérationnels, le plus tôt possible. Pour moi, une seule solution est acceptable, les élèves les plus studieux et les plus performants doivent suivre des études, financées au mérite, dans des institutions universitaires qualitatives et non des voies de garage comme elles tendent à l’être aujourd’hui. La majorité des autres jeunes doivent maîtriser les connaissances de base, lire et écrire correctement, maîtriser les technologies essentielles de communication, connaître une autre langue, et très rapidement, pourquoi pas entre 14 et 18 ans, doivent systématiquement intégrer les entreprises, dans tous les métiers. Au Canada, par exemple, les enfants de 15 ans travaillent sous contrat avec des entreprises dans de multiples domaines, et sont correctement rémunérés pour leur travail, ils suivent des études parallèles et trouveront immédiatement un travail par la suite. Ce ne sont pas des « petits boulots de vacances », mais ils sont intégrés dans l’entreprise, au bas de l’échelle bien sûr, et à chacun ensuite de grimper à son rythme.

Je rappelle toujours à ceux qui veulent bien l’entendre qu’avant d’être chef, il faut avoir démarré tout en bas, mais aussi et surtout avoir l’idée et l’envie de le devenir à son tour, sans compter que ça se gagne par le mérite et le travail. Chaque individu peut trouver sa place dans une société ouverte, moderne et libre. Chaque individu doit être respecté pour la place qu’il occupe, car elle aura toujours une importance relative.

Malheureusement la crise d’identité de l’Europe à l’intérieur du monde global est tellement profonde qu’il est peu probable que les changements fondamentaux qui doivent être opérés puissent l’être dans un avenir suffisamment proche pour que ça ne fasse pas d’autres drames historiques.

Les européens ne sont définitivement pas à la hauteur des enjeux.